viernes, 21 de marzo de 2014

La réception des oeuvres cinématographiques


La réception des oeuvres cinématographiques



 Qu’est-ce que le goût cinématographique?



Extraits du livre:Sociologie du cinéma et de ses publics” de Emmanuel Ethis. Série Domaines et Approches. Armand Colin. Paris. 2005. Résumé par Francisco Huertas Hernández. 2014





                         Emmanuel Ethis: "Sociologie du cinéma et de ses publics"




 Si, a la sortie d’une séance de cinéma, notre premier élan intérieur nous incline à aimer ou à detester un film, il n’est pas rare que cet élan soit revu et corrigé par le poids non négligeable d’une “instance socialeextérieure et normative que l’on rapporte généralment au “bon goût”. “Tout le monde -explique Laurent Jullier- a fait cette expérience de l’opinion que finalement on n’exprime pas parce qu’à cette soirée tous les convives sont symphatiques et que, ma foi, s’ils ont tous aimé ce film que l’on tient pour un affligeant pensum, tant mieux, on n’a pas envie ce soir-là de s’exclure, parlons d’autre chose...” (Jullier: 2004, p. 197). De même, lorsqu’il endosse son rôle de critique de cinéma, Godard précise qu’ “il est difficile de prendre un café avec quelqu’un si, dans l’après-midi, on doit écrire qu’il a fait un film idiot” (Bergala: 1985, p. 216). Comme dans la plupart des champs artistiques et culturels, le champ de la critique cinématographique participe de “l’idéologie du goût naturel” telle qu’elle a notamment été define par Pierre Bourdieu dans son célèbre ouvrage “La Distinction”. Cette idéologie consiste pour le “soi-disant” connaisseur à présenter les manières qu’il a de se distinguer d’autrui sous la forme de l’évidence logique du bon sens. Elle est corrélative de la certitude qu’il a de “détenir la légimité culturelle et l’aisance, à laquelle on identifie l’excellence” (...)




                                                   Pierre Bourdieu: "La Distinction"




 L’apprentissage et l’expertise cinématographiques, majoritairement construits hors de l’univers de la transmission scolaire, s’élaborent donc dans la consommation même des films de cinéma d’où émergent selon Laurent Jullier des critères propres à déterminer et à caractériser nos choix artistiques. Même s’il peut paraître “lourd aus yeux des tenants de l’idéologie du goût naturel, et parfaitement vain à ceux des hypersubjectivistes” (Jullier: 2004, p. 15), son essai “Qu’est-ce qu’un bon film?” Propose une approche sociologique convaincante pour repérer quelques-uns des rails sur lesquels on engage le jugement qui nous permet de distinguer un “bon” d’un “mauvais” film (...)





        Laurent Jullier: "Qu'est-ce qu'un bon film?"




 À cette fin, l’analyse de Laurent Jullier présente donc six critères susceptibles d’armer l’évaluation d’un bon film:


  1. Son succès
  2. Sa qualité tecnique
  3. Son originalité
  4. Sa cohérence
  5. Son édification
  6. Son émotion


 Deux de ces critères sont des critères ordinaires, c’est-à dire qu’ils sont utilisés dans le cadre de notre exercice “sauvage” de la critique:

  1. Un bon film est un film de succès. Bouche-à-oreille, campagne publicitaire, conseils de la caissière du cinéma, la démarche qui nous conduit devant l’écran de cinéma repose souvent sur l’attribution d’une valeur a priori pour les films qui semblent offrir la promesse d’une soirée réussie. “Le succès de curiosité, la volonté de coopérer à la cohesión sociale en voyant ce que tout le monde voit sont en réalité des opérations inherentes à la vie grégaire” (Jullier: 2004, p. 65)

  1. Un bon film est un film techniquement réussi. Prouesses tehniques et bonnes conditions de tournage sont synonymes d’un travail qui se voit et à partir duquel chaque spectateur tente d’apprécier la justesse d’ue réalisation.

 Deux autres critères sont des critères que Laurent Jullier qualifie de “distingués” parce qu’ils sont principalment utilisés par les grands experts ou les critiques professionnels:


  1. Un bon film est un film original. Il s’agit moins d’un film “qui invente des formes audiovisuelles que celui qui recycle d’une façon neuve, ou qui réussit à faire accepter par une large public une figure venue de cousins du cinéma narratif ou réservée jusque-là à des objets d’avant-garde” (Jullier: 2000, p. 15)

  1. Un bon film est un film cohérent. “La cohésion est la capacité de l’oeuvre de lier ses caractéristiques formelles aux exigences de ce qu’elle dit (...)


 Les deux derniers critères sont communs à tous les utilisateurs:

  1. Un bon film est un film édifiant. Un bon film fait la leçon, quelle que soit cette leçon (...) de conduite, leçon des choses, leçon sur la “verité du geste

  1. Un bon film est un film émouvant. Le goût du cinéma a beaucoup à voir avec le plaisir que l’on y prend et l’émotion -rires, peurs ou larmes- qu’il suscite. Le corps du spectateur en est le meilleur instrument de mesure.

Ces six critères, précise Laurent Jullier, sont souvent indissociables les uns des autres si l’on est désireux de comprendre le destin que rencontre un film à sa sortie. Sociologiquement, ils sont intimement attachés à la définition d’une norme d’époque


                                                    Jacques Tati: "Playtime" (1967)




Sociologie du cinéma et de ses publics” de Emmanuel Ethis. Série Domaines et Approches. Armand Colin. Paris. 2005.


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